Ce documentaire relate la restauration, au premier semestre 2006, d’une toile de Jean Broc (1771-1850) conservée dans les réserves du Louvre. L’École d’Apelle, réalisée peu avant 1800, rend hommage à L’Ecole d’Athènes de Raphaël, en drapant dans d’emphatiques habits antiques le groupe de jeunes peintres talentueux et bouillonnants auquel l’artiste appartient et qui gravite alors dans l’atelier de Jacques Louis David. La caméra explore la toile, chaque étape de la restauration permettant un retour historique sur la réalisation du tableau. Entre le simple nettoyage et la retouche de peinture, la question de l’intégrité de l’œuvre se pose de façon permanente dans ce film. « Il faut toujours rester un peu en deçà de l’original », affirme la restauratrice. « Notre éthique de restauration, c’est que notre intervention au plan esthétique doit pouvoir être contestée ». « Une campagne de restauration constitue une situation propice à un rapprochement, une relation intime à la peinture. L’œuvre est de grandes dimensions. La toile fait 20 mètres carrés. Les personnages figurés sont à l’échelle humaine. Il y a donc des corps de peinture faisant face aux corps des restauratrices, dans un rapport frontal, de théâtre. […] Comment filmer la peinture ? La peinture me fascine et je ne peux cependant pas expliquer comment. Peut-être est-ce la pensée dans la peinture qui enveloppe et fixe mon regard. […] L’aventure du regard, du double regard, de près, de loin, est au cœur du film. Dans cette liberté revendiquée de ne pas faire un film savant, l’espace se crée pour troubler la transparence de la représentation et créer un état d’affect. La peinture transforme des pensées en images, tout comme le cinéma et c’est en se laissant traverser par ces images que l’émotion advient. » (Laurence Garret)